Le suicide (épisode 14)

Briser le Tabou du Suicide

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Pour ce quatorzième épisode, je vais aborder un thème qui me tient particulièrement à cœur : le suicide. 

Avant de commencer, je tiens à rappeler que ce podcast est un partage de Ma propre expérience et de Mes réflexions, et donc, il n’y a rien à prendre au pied de la lettre. 

Tout ce que je te partage fait partie de Ma vérité, et seulement la mienne. Et si tu ressens le besoin de parler à quelqu’un ou si tu traverses une période difficile, je t’invite à ne pas hésiter à contacter un professionnel ou une ligne d’écoute.

Je vais d’abord expliquer pourquoi j’ai choisi de parler de ce sujet aujourd’hui. Comme je te l’ai dit en introduction de ce podcast, dans le premier épisode, j’ai tenté de mettre fin à mes jours plusieurs fois au cours de ma vie et je pense qu’il est important de briser le tabou autour du suicide pour mieux comprendre et aider ceux qui en ont besoin

Les Chiffres et Réalitéssur le suicide

Pourquoi est-il crucial d’aborder le sujet du suicide ? Les chiffres sont plus qu’éloquents : chaque année, environ 700 000 vies sont perdues dans le monde à cause du suicide, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé. 

Les taux de suicide varient considérablement d’un pays à l’autre, avec les taux les plus élevés en Afrique, en Europe et en Asie du Sud-Est. En France, on compte environ 8000 personnes qui se suicident chaque année. Le taux de suicide est de 13,7 pour 100.000 habitants, l’un des plus élevés d’Europe.

Les hommes sont plus touchés que les femmes, avec un taux de suicide trois fois plus élevé. En ce moment, les statistiques montrent une légère baisse du taux de suicide global en France depuis ces dernières années. Toutefois, ça reste un problème majeur de santé publique. 

Les tentatives de suicide sont estimées à environ 200.000 par an en France. D’après toutes ces études, si on prend les différentes causes et facteurs de risque, ce serait relativement liée à la santé mentale.

 

C'est à dire ?

 La dépression majeure est présente chez environ 72% des personnes qui se suicident. De même, les troubles anxieux et bipolaires sont également des facteurs de risque importants. Quant aux personnes souffrant de schizophrénie, elles ont un risque de suicide vingt fois plus élevé que la population générale. De plus, il est fait état de l‘isolement social. En effet, l’isolement social et la solitude augmentent significativement le risque de suicide.

Les personnes âgées, particulièrement celles de plus de 75 ans, sont très vulnérables. Cela souvent en raison de la solitude et de la perte du soutien social. Parallèlement, les crises personnelles, telles qu’une rupture amoureuse, des problèmes financiers ou un deuil, peuvent déclencher des comportements suicidaires. Les antécédents familiaux de suicide ou de violence augmentent également le risque.

En outre, il existe d’autres facteurs de risque. L’abus de substances telles que l’alcool et les drogues constitue un facteur de risque majeur. De même, les traumatismes de l’enfance, comprenant les abus sexuels, physiques et émotionnels, sont fortement corrélés avec un risque accru de suicide.

 

S'adresser à Trois Personnes pour parler du suicide

Donc, voilà pour tout ce qui est chiffre. Je n’ai pas parlé des causes parce que pour moi, les causes sont très personnelles .

Dans cette deuxième partie de cet épisode, je vais m’adresser à trois personnes. 

D’abord, je vais commencer par m’adresser à toi, la personne qui pense que le suicide est un acte lâche que tu ne comprends pas et avec lequel tu n’es pas d’accord. La deuxième personne, c’est la personne qui a connu ou qui connaît quelqu’un qui a fait des tentatives ou dit qu’elle a envie de se suicider. Quant à la dernière personne à qui je vais m’adresser – c’est à toi – qui a déjà tenté et qui est peut-être encore sur le fil du rasoir, ou alors qui est passé au-delà de tout ça.

Je pense vraiment que, suivant son expérience on a une vision différente du suicide, et j’aimerais m’adresser à ces trois personnes.

Donc, je vais commencer par toi, mon ami, qui considère que j'ai été lâche lorsque j'ai tenté de me suicider, lorsque j'ai envisagé de mettre fin à mes jours, lorsque j'ai semblé abandonner mes proches, lorsque j'ai semblé manquer de courage.

Je m’adresse à toi en toute amitié, sans jugement, je comprends ce que tu peux ressentir.

Pourquoi ?

Eh bien, tout d’abord, parce que le suicide et ses raisons sont quelque chose de totalement personnel. Il y a des milliers de raisons possibles derrière chaque tentative de suicide. Il y a des interconnexions bien au-delà de ce que l’on peut imaginer. La personne qui a perdu un être cher et qui se suicide, par exemple, peut aussi se sentir seule ou avoir vécu des expériences douloureuses et des souffrances insoupçonnées.

C’est une réalité très personnelle. 

Chercher à classifier ou à simplifier cette réalité ne rend pas justice à sa complexité. Comprendre peut aider énormément. Permets-moi une analogie : c’est comme lorsque des personnes qui ne sont pas parents essaient de comprendre l’amour inconditionnel ressenti pour un enfant. Pour le suicide, c’est pareil. C’est intime et profond, et parfois, même moi qui ai tenté de me suicider, je ne peux pas tout comprendre chez d’autres.

Donc, si tu penses que j’ai été lâche, peut-être. À ce moment-là, la seule issue que je percevais, c’était celle-là. Si tu ne comprends pas, c’est ok. C’est comme essayer de comprendre pourquoi un parent défend son enfant, même lorsque cela semble indéfendable. Pour moi, la seule solution que je voyais était de mettre fin à mes jours.

Je t’invite vraiment à accepter cela et à ne pas juger. Ne juge pas quelqu’un qui essaie de mettre fin à ses jours ou qui te dit qu’il est dépressif, car souvent, l’état suicidaire est bien plus profond et complexe que ce que l’on peut imaginer.

Ensuite, toi qui connais quelqu'un qui a déjà fait des tentatives de suicide ou qui te dit qu'elle en a envie.

Je t’invite simplement à être là. Ne panique pas. Tu n’es pas responsable de quoi que ce soit, c’est un peu compliqué à comprendre, mais tu es responsable de ta vie, pas de la sienne. Peu de temps après mes tentatives, beaucoup de mes proches étaient aux aguets et se faisaient plus de soucis que moi. Tu n’as aucun contrôle sur cela et ce n’est pas de ta responsabilité de sauver la personne. Si elle a décidé de se sauver, elle le fera ; si c’est l’inverse, ce n’est pas de ta faute.

Si tu es parent et que ton enfant a des pensées suicidaires, fais-toi aider. Mais n’essaie pas de l’aider en le forçant ; sois là, sois présent, écoute sans peur. Je sais que c’est facile à dire. Si ton enfant te dit « J’ai envie de mourir », ne te bloque pas, écoute-le. « Comment la mort pourrait t’aider ? Y a-t-il quelque chose dans ce monde qui pourrait t’aider ? » C’est ce que j’ai envie de te dire si tu connais quelqu’un qui souffre.

Cela rejoint un peu mon épisode sur le mal-être, où je me suis ouvert. C’est une partie à cœur ouvert, je ne coupe pas pour être plus fluide et sincère. Écoute la personne sans juger, aide-la à trouver de petites choses qui pourraient l’aider à sortir de son gouffre. Tends-lui la main, mais ne la force pas à monter, sinon la chute pourrait être encore plus dure.

Voilà pour toi, la personne qui est aux côtés de quelqu’un qui a des pensées suicidaires. Et n’oublie pas de te faire aider, toi aussi, pour savoir comment gérer cette situation.

Et maintenant, je m'adresse à toi, mon collègue qui attendait.

Pardon, je rigole de ce sujet parce que je pense qu’il n’y a pas de tabou à avoir.

Oui, j’ai tenté de me suicider. Oui, je connais des gens qui ont tenté de se suicider et c’est ok

C’était ma seule porte de sortie à ce moment-là, et toi aussi, c’était ta seule porte de sortie, et ok, on est potes. On a vécu la même chose et que sur certains aspects. Mais toi, si jamais tu as tenté de te suicider et que tu as aujourd’hui encore des pensées, essaie de te rappeler ce qui t’a fait sortir de ces pensées là à un moment.

Et surtout, l’isolement social dont je parlais au début. C’est le fait d’en parler qui enlève le tabou. 

Essaye de demander aux gens ce qu’ils pensent de ta situation, qui te fait tellement souffrir, et si tu ne comprends pas cette situation, va voir un psy, parles-en. Essaye de faire sortir tout ce qu’il y a et qui te donne envie de mettre fin à cette magnifique vie. 

Aujourd’hui, tu as la chance d’être là. Tu ne le vois peut-être pas, je ne le voyais pas. 

Et il faut rappeler que quelqu’un de suicidaire, ça sert à rien d’essayer de lui faire voir que la vie, elle est belle. Quand on est dans le gouffre, on ne voit pas que la vie, elle est belle. Et c’est lourd d’entendre les gens dire : « Pourquoi, tu veux mettre fin à tes jours ? tu as vu ta vie, elle est magnifique. »

« Mais prends-la. » C’est ça que je voulais dire aux gens. « Mais prends-la ma vie si tu trouves qu’elle est magnifique. »

suicide

Libérer la parole

Si tu es encore là, il y a sûrement un message pour t’aider. Enlève le tabou autour du suicide, ce n’est pas nécessaire. Quand on en arrive là, il y a une raison. Parfois, on est aveuglé par le mur, mais essaie de prendre du recul, parle-en autour de toi. La vie est un terrain de jeu, elle est faite pour être vécue.

Prends le temps de te poser des questions sur le sens de la vie, sur « à quoi ça sert de vivre », sur « il m’a quitté » pour dépasser tout cela. 

Libère la parole.

Il faut briser le silence sur le suicide, c’est commun et c’est ok. Je peux parler ouvertement de mes tentatives. Parfois, cela semble maladroit, j’ai de la pudeur à ce sujet. Si quelqu’un le prend mal, c’est ok.

Si cela peut aider une personne, si cela peut t’aider aujourd’hui, c’est ok.

Donc voilà, je pense que je reviendrai sur le sujet, parce que c’est un sujet qui me passionne. Et puis j’aime en parler sans tabou.

Je te remercie de m’avoir écouté. Je te souhaite une belle journée ou une bonne soirée et je te dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

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